Les journaux ou éditeurs dits « prédateurs » attirent les auteurs scientifiques sous de fausses représentations afin de faire des profits. Cela commence par des frais de publication qui réservent généralement de mauvaises surprises aux chercheurs impatients d’être publiés. Les journaux prédateurs exploitent de manière trompeuse le modèle de publication des journaux en accès libre (« Open Access ») qui sont légitimes et honnêtes. Selon ce modèle, les auteurs sont facturés pour le processus de publication. Autre différence importante entre les journaux en accès libre légitimes et les journaux prédateurs : le système de révision par les pairs des journaux prédateurs est douteux voire inexistant.
Les journaux prédateurs ont souvent des noms trompeurs qui passent inaperçus parce qu’ils ressemblent à des noms officiels bien connus (Lancert au lieu de Lancet, Canadian Journal of Medicine à la place de Canadian Medical Association Journal [CMAJ]). Ces journaux ont aussi tendance à solliciter des soumissions et à offrir l’adhésion au comité de rédaction par des envois de masse. Ils peuvent exagérer leur facteur d’impact (celui-ci peut être vérifié dans Web of Science) et promettent aux auteurs une publication rapide, en minant le processus d’examen par les pairs. Leurs sites internet peuvent avoir des fautes d’orthographe ou de grammaire et leurs adresses de contact peuvent être non professionnels ou non liés à leur publication (@gmail ou @yahoo).
Comment éviter les journaux prédateurs lors d’une recherche d’articles en ligne ?
La meilleure façon d’éviter les journaux prédateurs est d’effectuer ses recherches dans des bases de données comme Medline (via PubMed ou via d’autres plateformes comme Ovid, ProQuest, etc.), Embase ou Web of Science par exemple. En effet, les journaux prédateurs sont rarement indexés dans des bases de données réputées.
Si vous cherchez spécifiquement des articles en accès libre, une bonne ressource est le «Directory of Open Access Journal» qui exige que les journaux suivent les principes de transparence et les meilleures pratiques en matière de publication scientifique (en anglais) avant d’être inclus dans le répertoire.
Pour sa part, Google Scholar est certainement une ressource utile pour repérer de nouvelles recherches, mais il faut savoir que ce moteur de recherche est reconnu pour inclure des journaux prédateurs. Donc lorsqu’on repère un article d’un journal inconnu dans Google Scholar, mieux vaut faire d’autres vérifications comme de rechercher ce même article dans les bases de données reconnues mentionnées plus haut.
Comment vérifier si un journal ou un éditeur est prédateur ?
Vous avez peut-être déjà été contacté par un journal vous invitant à soumettre votre manuscrit, à devenir membre de leur comité de rédaction, ou à assister à une conférence reliée de plus ou moins près à votre discipline. Il peut être difficile de déterminer si ces communications sont légitimes ou non. Voici quelques questions à se poser en cas de doute :
- Avez-vous ou vos collègues entendu parler de ce journal avant ?
- Pouvez-vous facilement identifier et contacter l’éditeur, par téléphone, par courriel ou par la poste ?
- L’éditeur impose-t-il des frais de publications ? Si oui, pouvez-vous facilement trouver ces informations et comprendre les raisons pour lesquelles il y a des frais ?
- Le journal explique-t-il clairement le type d’évaluation par les pairs utilisé ?
- Le journal est-il indexé par une base de données réputée (Medline, CINAHL, Web of Science) ? Si ce n’est pas le cas, est-ce qu’il est référencé dans le « Directory of Open Access Journals »?
Pour plus d’informations, voyez le «Think Check Submit checklist» (en anglais) ou demandez à un(e) bibliothécaire. Votre bibliothécaire médicale peut vous aider à déterminer si un journal est légitime ou non.
Il est également important d’être prudent car une fois qu’un article est publié dans un journal frauduleux, il peut être difficile de le faire supprimer ou de le faire publier dans un journal légitime. Comme l’article ne sera pas évalué de manière sérieuse, cela pourrait affecter votre réputation de chercheur. En outre, un article publié dans un journal prédateur peut avoir un impact négatif sur une carrière en affectant les décisions de financement, l’embauche et l’éligibilité à une promotion.
Lectures complémentaires
Grudniewicz, A., Moher, D., Cobey, K.D., Bryson, G.L., Cukier, S., Allen, K., . . . Lalu, M.M (2019).
Predatory journals: no definition, no defence. Nature, 576(7786), 210-212.
Chambers, A. H. (2019).
How I became easy prey. Science, 364(6440), 602.
Delahaye, J-P. (2016).
Les revues scientifiques à la croisée des chemins. Science & Pseudo-Sciences, no 316.
Shamseer, L., Moher, D., Maduekwe, O., Turner, L., Barbour, V., Burch, R., . . . Shea, B. J. (2017).
Potential predatory and legitimate biomedical journals: can you tell the difference? A cross-sectional comparison. BMC Medicine, 15(1), 28.
Sorokowski, P., Kulczycki, E., Sorokowska, A., & Pisanski, K. (2017).
Predatory journals recruit fake editor. Nature, 543(7646), 481-483.
Références
McGill Library. Avoiding illegitimate OA journals.
http://www.mcgill.ca/library/services/open-access/illegitimate-journals
Think. Check. Submit.
http://thinkchecksubmit.org/check/
CARL/ABRC.
Comment repérer et éviter les éditeurs prédateurs : notions élémentaires pour les chercheurs (PDF de 2015 hébergé par Internet Archive).
L’ABRC recommande désormais Comment évaluer une revue OU Comment éviter de publier dans une revue de faible qualité (2017) https://www.carl-abrc.ca/fr/comment-evaluer-une-revue/
Publié le 4 mai 2017, mis à jour le 6 août 2020.